Lettre de Heidegger à Roger Munier

Heidegger, 4 novembre 1970

Freiburg i. Br. 4.XI.70

Lieber Herr Munier,

herzlichen Dank für ihren freundlichen Brief und für « La trace » in « Commerce ». Einzelne Stücke, zum Nachdenken anregende, kann ich verstehen, erkenne jedoch noch nicht den Ductus des Ganzen. Aber dies können Sie mir vielleicht bei ihren nächsten Besuch hier verdeutlichen, der leider an dem von Ihnen vorgeschlagenen Termin nicht möglich sein wird; denn um diese Zeit bin ich bei meinem Bruder in Messkirch. Ohnedies wäre die Reise von Düsseldorf hierher eine Zumutung.

Sosehr ich mich auf ein Gespräch mit Ihnen freue, ich möchte doch vorschlagen, dass Sie Ihren Besuch bei uns auf eine freundlichere Jahreszeit verschieben, zu der Sie, falls es sich so gibt, uns von Süddeutschland aus besuchen könnten.

Dann möchte ich Sie auch bitten, künftig diesen « Herr Professor » zu streichen. Ausserdem danke ich Ihnen noch einmal dafür, dass Sie „Le séminaire le Thor 1969“ in der schönen Form der Mitteilung ermöglicht haben. Ich lese oft und gern darin, weil dieses gesammelte Echo der Freunde stets eine Hilfe für das eigene Nach- und Weiter- denken bleibt.

Meine Frau ū. ich grüssen Sie herzlich; mit freundlichen Empfehlungen

Ihr Martin  Heidegger

N.S. Inzwischen habe ich mich erholt, muss aber doch die Arbeitszeit etwas einschränke

Fribourg en Br(isgau) : le 4, XI, 70

Cher Monsieur Munier,

Un merci cordial pour votre lettre amicale et pour « La trace » dans « Commerce »*. Je peux en comprendre quelques éléments, qui incitent la pensée à revenir sur eux, mais je ne reconnais certes pas encore le tracé (ductus) de l’ensemble. Mais cela, vous pouvez peut-être l’éclaircir pour moi ici, lors de votre prochaine visite, qui, hélas, ne sera pas possible à la date que vous proposez ; car à cette époque-là, je serai chez mon frère à Messkirch. Par ailleurs, un voyage de Düsseldorf à ici serait vous soumettre à une demande excessive.

Certes la perspective d’un dialogue avec vous me réjouit au plus haut point, je voudrais pourtant vous proposer de repousser votre visite auprès de nous à une saison plus accueillante, au cours de laquelle vous pourriez nous rendre visite en venant du Sud de l’Allemagne au cas où, pour vous, l’occasion s’en présenterait.

Ensuite, j’aimerais aussi vous prier, à l’avenir, d’effacer ce « Monsieur le professeur ». Par ailleurs, je vous remercie encore une fois d’avoir rendu possible « Le séminaire du Thor 1969 »** dans la belle forme d’une brochure. J’y lis souvent et volontiers, parce que ce rassemblement des échos des amis reste constamment une aide pour la poursuite de la pensée et de la réflexion.

Mon épouse et moi-même vous exprimons nos salutations cordiales ; avec mon amicale considération,

Votre Martin Heidegger

P.S. : Entretemps je me suis bien rétabli, mais je dois encore limiter mon temps de travail.

Traduction André Sauge

* Le nouveau Commerce, revue fondée en 1963 par André Dalmas et Marcelle Fonfreide. La trace est paru dans le N° 17, automne 1970.
** Repris dans Questions III et IV, Tel Gallimard