Lettre de E.M. Cioran à Roger Munier

E.M. Cioran, 30 avril 1970

Paris, le 30 avril 1970

Monsieur,

Tout au long de ces pages ardues j’ai senti votre effort pour saisir ce qui se dérobe et ce n’est pas le moindre de vos mérites que de faire partager au lecteur votre acharnement.

Je me demande si, étant donné cette conjonction de poème, de méditation et d’analyse qu’est Le Seul, vous n’auriez pas eu intérêt à sacrifier un peu plus à la discontinuité, à épouser d’un bout à l’autre la démarche D’un seul tenant où se manifeste le don que vous avez de la formule essentielle, et où, me semble-t-il, vous êtes le plus vous-même.
Cordialement, vôtre

E.M. Cioran